dimanche 26 janvier 2014

Les Japonais, ces tarés… Les médias, ces naïfs…

Donc les Japonais ont inventé un soutien-gorge qui ne se défait qu'en présence de "l'amour vrai". Ce sont les Inrocks qui me l'apprennent ce dimanche. Il y a une vidéo qui explique comment tout ça fonctionne. Relié en bluetooth à un téléphone portable, le soutien-gorge ne se dégraferait que lorsque le rythme cardiaque de la femme qui le porte correspond à celui de l'amour.


Vraiment n'importe quoi ! Il faut être idiot pour créer ça ! D'ailleurs, ce sont des hommes qui en sont à l'origine, pas étonnant !, notent les Inrocks.

Dans les commentaires (sur YouTube, sur Facebook, etc.), d'avisés observateurs notent en vrac que le rythme cardiaque augmente sans doute aussi en cas d'agression sexuelle, que le soutien-gorge pourrait se détacher tout seul dans la rue après n'importe quelle émotion forte, ou encore qu'il ne serait pas facile de le quitter le soir seule chez soi.

"Ces Japonais, à part se trancher le ventre avec un sabre et créer des monstres dégueulasses, ils savent vraiment rien faire", disait la grand-mère dans "Persépolis".


"Y a bien que ces nolife de Japonais pour inventer un truc comme ça". C'est la tonalité des réactions que j'ai pu lire un peu partout où j'ai vu l'info sur ce soutien-gorge.

Qu'il y ait de l'excentricité au Japon, c'est indiscutable, mais avez-vous pensé que cette histoire de soutien-gorge pouvait être totalement bidon ? Un coup de pub ?

Le soutien-gorge est-il commercialisé, comme le disent les Inrocks ? Non, c'est un prototype. C'est surtout une belle opération de promo pour la marque Ravijour. Ses précédentes vidéos sur YouTube tournent autour des 2 000 vues, celle sur le soutien-gorge qui fonctionne à l'amour : déjà plus de 280 000 vues.

On y voit une "human sexuality specialist" et un "doctor / former med school associate professor" qui ne sont pas nommés. La seule indication un peu précise, c'est le nom "Rhizomatiks" qui apparaît à côté de l'image des inventeurs du soutien-gorge. Il s'agit d'un collectif d'artistes japonais qui travaille effectivement sur les émotions. De là à faire appel à eux pour créer un objet à commercialiser auprès du grand public, on peut nourrir un doute.

Sur Cnet, on peut lire le passage suivant à propos de cette histoire : "Since the bra is of Japanese design, it gives us some delightful opportunities to put Google's Web site translation skills to the test. Ravijour's blog post about the bra translates as, "Bra hook does not come off and there is no world's first love, of truth!""

Si leur source, c'est le blog de l'entreprise traduit par Google, on se dit qu'ils n'ont pas dû voir le produit de très près. Bref, les agences de pub savent déjà tout ça très bien : il suffit de lancer une idée un peu folle, sans forcément rien de concret derrière, et vous aurez de la reprise dans les médias.


Vous vous souvenez de cette autre invention japonaise qui avait fait beaucoup rire sur le net : une queue qui s'agite quand on est amoureux et qui permet aux timides de montrer leurs émotions ? Les Japonais se sont-ils tous mis à froufrouter de l'arrière-train pour dire "je t'aime" ? Un indice quant à la réponse : la campagne Kickstarter de cette invention essentielle a recueilli 12 000 livres (tout de même !), mais ce n'est qu'un cinquième de la somme escomptée et surtout, seules 168 personnes se sont senties concernées. 

Ce qu'on attend des médias, ce n'est pas qu'ils nous répercutent aveuglément la com' des entreprises. Alors, ce soutien-gorge qui ne se défait que par amour, merci de nous en reparler quand il sera dans le commerce et qu'il fera vraiment l'objet d'achats massifs de la part des Japonais. Là ça confirmera vraiment qu'ils sont complètement tarés !